A la limite de la Côte d'or et de la Saône et Loire, Thury
est un petit village de 370 habitants, du canton de Nolay. A égale distance de la célèbre
côte des grands vins de Bourgogne et des contreforts du Morvan, Il est situé au coeur d'une nature
calme et reposante.





Un livre raconte l'histoire des pompiers de Thury
PREFACE
LA FLAMME DE THURY
Ah! la chanson des pompiers de Thury. Avant Jean-Marie qui l'entonnait, en avril 1998, lors des fêtes du
bicentenaire, Henri Callabre sur son accordéon fait retentir - accompagnait des paroles plus convenues...dans
les salonsdu roi Jérome et le bureau d’André Malraux,au coeur du Palais Royal de Paris, en 1980...
L’attention de Thury, avec l'appui de ses maires successifs, à son patrimoine est exemplaire. Il y a là
un de ces merveilleux bourgs de paysans et d'artisans, conscients de leur héritage, qui est la dignité
même de la Bourgogne.
Je sais l'importance du corps des sapeurs-pompiers volontaires de la commune, son dévouement, son efficacité.
J’ai contribué à 1"installation de son matériel dans un édifice historique restauré.
Mais c'est l'exposition du bicentenaire - et le recueil de documents qui assure la pérennité - qui
m'ont fait comprendre la qualité de la mémoire collective... En 1798, 120 maisons sur 240 -la moitié
des foyers - ont été ici, à Thury, détruites par un incendie. La lutte contre le fléau
destructeur, l'effort patient de reconstruction, le combat pour la renaissance furent l'oeuvre d'une communauté
fraternelle.
Depuis, on veille...
La flamme de Thury ne s'éteindra pas.
Jean-Philippe LECAT
Président de l'Ecole nationale du patrimoine
AVANT-PROPOS.
Les incendies ont meublé l'Histoire en général. Des civilisations tremblèrent conséquences
de ce genre de sinistre indomptable, laissant l'être humain désemparé. Des villages, des bourgades,
de vastes monuments, voire des villes entières furent détruites par ce terrible fléau que
l'on n'arrivait pas à maîtriser. -THURY n'échappa pas à ce cataclysme.
La tradition orale nous avait transmis le souvenir d'un terrible incendie ayan .ravagé une partie de la
commune à l'aube. du XVIII iéme siècle. A l'occasion de la présentation de notre village
au rassemblement des «THURY » de France à Thu ry Harcourt en 1997, l'idée vint de commémorer
le bicentenaire de cet événement
comme les autres.
Alors commença un travail, de recherche amenant, à nous pencher sur les situations ( politiques,
religieuses, administratives) de l'époque et d'en faire ensuite, rapprochement avec ce qui se passait à
Thury. Nous concentrant sur les incendies connus et recensés au sein des archives communales, il fut remarqué
le souci que
divers conseils municipaux avaient manifesté sur ce sujet et sur les moyens d’y parvnenir puis de s'en défendre
C'est ce que nous allons rapporter dans ce recueil contenant une rétrospective l'exposition organisée
les 1 1 - 12 et 13 avril 1998.
Henri CALLABRE
Au delà de ces fonctions où la chaleur fut domestiquée, les Honmes s’en servir également
conme signes de transmission en installant sur les hauteurs des signaux optiques à base de flammes ou de
fumée. Une fonction de signalisation fut aussi exploitée pour guider les bateaux a partir de la terre,
les brigands en profitant pour provoquer des naufrages.
C’est encore actuelement un signal de repère ou de détresse.
Sa fonction purificatrice a été largement employée pour désinfecter, pour stériliser,
la chaleur détruisant les microbes.
Pour détruire le mal, on faisait brûler les sorcières ou celles possédées du
diable. Aujourd’hui, c’est un procédé largement utilisé pour incinérer les ordures.
L’écobuage utilisé encore actuellement a toujours été pratiqué par l’homme.
Au siècle dernier, les flammes transformaient l’eau en vapeur qui actionnait de nombreuses machines.
Le feu est aussi source de joie comme les feux de bengale, les feux d’artifice, les feux de Saint Jean fêtant
le solstice d’été, les feux de camps etc...
Le feu est employé souvent comme symbole: la flamme olympique, la flamme de l’Arc de Triomphe, la lumière
du St Sacrement dans les églises.
LA SITUATION ADMINISTRATIVE DE THURY APRES LA REVOLUTION
Une des conquêtes reconnues unanimement de la Révolution de 1789 réside dans l'exercice de
la citoyenneté par le plus grand nombre : la démocratie se concrétisant par l'exercice du
droit de désigner les mandataires du Peuple par le truchement des élections.
Un premier décret de l’Assemblée Nationale du lundi 4 décembre 1789 décidait
que des élections devaient avoir lieu sur tout le territoire où se créaient les découpages
administratifs : département, arrondissement, canton, commune. il fallut décider aussi qui aurait
le droit de vote. Après bien des palabres, des hésitations, la première forme d'exercer la
citoyenneté fut un suffrage censitaire et élitiste, c'est-à-dire que pour accéder au
droit de vote il fallait payer un impôt supérieur à la valeur de 3 joumées de travail.
De plus, pour être éligible, avoir été imposé pour une valeur de 10 journées
de travail. En étaient exclus : les mineurs, les femmes, les domestiques, les hommes de couleur, ceux des
colonies, les pauvres, les S.D.F, les ignorants. Il faudra attendre 1848 pour que le suffrage devienne universel.
Après cette sélection à THURY, 46 personnes répondirent à ces critères,;
mais il fallut attendre la loi du 19 Vendémiaire de l'an IV (10 octobre 1795) et l'arrêté du
département de la Côte d'Or en date du 8 du même mois relatif à la nomination d'un nouveau
Corps Admnistratif dans chaque canton pour que le village soit doté d'une administration communale (nous
faisions alors partie du canton de Vievy).
Réunis le 15 brumaire de l'an IV (6 novembre 1795) à huit heures du matin, c'est le citoyen Pierre
DUBUET qui, comme le plus âgé des ayants droit, remplit provisoirement la fonction de président,
le citoyen Claude BELORGEY, celle de secrétaire provisoire, les scrutateurs étant les citoyens Hilaire
COCHON, Hilaire PERROTIN et Sébastien CORON le jeune.
Un premier vote eut lieu pour former le bureau. Le dépouillement fait, il en résulta que le citoyen
Hilaire COCHON était élu président, le citoyen Claude BELORGEY secrétaire et les scrutateurs
les citoyens Lazare BELORGEY, Gaspard VIENNOT et Jean CHARY.
Il a été ensuite procédé au vote devant désigner l'Agent Municipal et l'Adjoint
Municipal (actuellement le Maire et le ler adjoint). Les bulletins dépouillés et le scrutin vérifié,
il est annoncé que le citoyen SEBASTIEN CORON était élu Agent Municipal et que LEONARD BOULEZ
devenait Adjoint Municipal. Ceux-çi acceptant la charge, la commune de THURY venait de mettre en place par
la voix du peuple son premier Maire et son premier Adjoint. Ce sera donc ce magistrat, SEBASTIEN CORON, qui devra
surmonter 3 ans après, les conséquences sans égales du sinistre qui devait détruire
plus de la moitié de la commune.
THURY AU COURS DES ANNEES 1790
Depuis les années 1460, THURY est sous la dépendance des seigneurs, du comté d'Epinac, les
CLERMONT TONERRE, dominant la région du haut de leur château de MONESTOY dont la silhouette majestueuse
coiffe encore la bourgade d’EPINAC. La Révolution de 1789 qui amènera à terme la République,
mettra fin à ce règne.
A cette époque, le village de THURY compte avec Vernusse près de 700 habitants dont de nombreux agriculteurs
et ouvriers agricoles, quelques commerçants et divers artisans. En 1790, sur les rôles d’impositions
et rôle particuliers inscrits à la recette D’ARNAY le DUC, l'on note : 19 laboureurs, 1 fermier, 20
manouvriers, 3 sabotiers, 3 vignerons, 19 tisserands, 3 charrons ou menuisiers, 1 marguillier, 2 cabaretiers, 1
jardinier, 1 meunier, 2 maréchaux et 7 mendiants pour THURY. Pour VERNUSSE, en altematif avec St PIERRE
en VAUX l'on découvre 10 laboureurs, 8 manouvriers, 1 couère et 3 mendiants.
L'opulence ne semble pas régner sur la contrée si l'on se réfère au dernier paragraphe
des CAHIERS DES DOLEANCES du mardi 10 mars 1789... et signé par les sieurs VIENNOT, TRUCHOT, GASPARD ROBIN,
VIENNOT, BERTHIOT, JEAN CORON, VIENNOT, DUPARD, BELORGEY, DUBUET, COCHON, MACHIN, PRIEURE, PRUDHON, LAVRILLAT,
VIENNOT, NIEF, CHARRAU, CHARY, BOULEZ, CARREY, JEAN LHOMME, CHOU, PICCARD.
Après avoir dicté leurs revendications, les signataires expliquent en conclusion "Quand le particulier
a payé les rentes seigneuriales, les impôts du ROY, les impôts de la province, à peine
reste-t-il entre ses mains le quart des revenus de son domaine. De ce quart qui lui reste, il est obligé
de payer les autres charges de la maison.
La vérité est qu'il ne vit que de pain d'orge et de seigle, d'huile et de pommes de terre. Il se
trouverait très heureux s'il avait du pain d'orge et d'avoine pour sa suffisance. On oubliait de dire que
souvent, il, mange sa soupe sans sel pour la raison qu'il est trop cher"...
A la lecture de ces suppliques, la précarité des habitants de la commune est évidente. Mais
cela n’était rien par rapport à ce qui devait marquer la mémoire des Thurysiens et appauvrir
encore plus ces gens qui n'avaient et de loin, l'essentiel........