LES COLPORTEURS DE L'OISANS


L' arrière-grand-père de Marie était colporteur.

Il en était ainsi dans la famille, de père en fils, depuis 5 siècles.

Comme de nombreux colporteurs de l'époque, il était originaire des hautes montagnes de l'Oisans.
Il partait vendre en Bourgogne des draps, des mouchoirs, des serviettes, des aiguilles, du fil, etc...

Il couchait la plupart du temps dans les fermes...

LE COLPORTEUR

Le colporteur était un marchand ambulant qui portait sur le dos sa hotte de marchandises qu'on appelait "la balle".

Il partait en automne et s'en allait vers d'autres régions de France ou d'autres pays, proposant ses marchandises de porte en porte. Il revenait cultiver ses terres quand la neige, là-haut dans son village, avait fondu, c'est-à-dire pas avant le mois de mai.

L'OISANS

Aujourd'hui région touristique qui s'est développée avec l'essor des sports d'hiver (L'Alpe d'Huez, Les 2 Alpes, Auris, La Grave...), l'Oisans était, il y a un siècle, un pays rude où la vie n'était pas facile. Les villages étaient isolés une bonne partie de l'année par la neige qui recouvrait les voies de circulation.

Les montagnards cultivaient de toutes petites parcelles parsemées de cailloux sur des pentes souvent fortes.

Ils élèvaient quelques animaux et faisaient pousser des pommes de terre, du seigle et quelques légumes.

Ce sont les nécessités de se procurer de l'argent pour faire vivre leur famille et entretenir leur exploitation qui les ont poussé à partir. Leur esprit d'aventure et l'envie d'échapper pour un temps à la rudesse de la montagne les a aidé à prendre la route.

Ils quittaient leur village à l'automne, après la récolte, lorsque la plupart des travaux des champs étaient terminés.

LES DIFFERENTS COMMERCES

Après avoir commencé par vendre la production locale de leur village: objets en bois, toiles, vêtements..., ils ont acheté, pour les revendre, des produits de faible valeur et faciles à transporter et à écouler.

Peu à peu, ils se sont spécialisés dans un commerce déterminé.

LES PRICIPALES CATEGORIES DE COLPORTEURS

Le mercier transporte, dans une balle en bois ou en osier, du fil, des aiguilles, des rubans, des dentelles; certains ont aussi des crayons, du papier à lettre, des graines, des tisanes et des bijoux de pacotille.


L'herboriste porte dans une sorte d'armoire d'osier, à étages et à compartiments, des plantes de la montagne, des simples qui ont des vertus médicinales; il y ajoute des préparations de pharmacie. Il donne aussi des conseils pour soigner les gens et les bêtes et, à l'occasion, il est même arracheur de dents.


Le quincailler vend des articles de bazar: multiples ustensiles de cuisine indispensables aux gens des campagnes (casseroles, couteaux ... ). Il les dispose dans une roulotte tirée par un mulet.

Le fleuriste est certainement le plus connu des colporteurs. Il propose des graines des fleurs les plus rares et les plus étranges.

Beaucoup sont partis à l'étranger. Ils prennent le bateau ou le train pour aller vendre dans les pays lointains des plants et des graines.

fleur


Le rouennier transporte, dans une charrette tirée par un mulet, des tissus de toutes sortes, des mouchoirs et des châles, des
chemises et des gilets, des bonnets et des cravates etc...


Le lunetier, souvent mercier à l'origine, propose des lunettes neuves ou d'occasion, dans une caisse en bois compartimentée
et de la taille d'une petite mallette. Il vend aussi des petits bijoux et des foulards de soie.
Ses marchandises sont légères et chères. C'est le mieux habillé de tous les colporteurs.

L' ORIGINE DES COLPORTEURS


Les colporteurs ont existé en France dès le Moyen Âge. C'est cependant surtout au XIXème siècle que s'est développé le colportage. Celui-ci a ensuite disparu progressivement pour s'éteindre définitivement après la première guerre mondiale.

La grande période d'activité des colporteurs correspond à une époque où la plus grande partie des gens vit à la campagne.

Leur clientèle est avant tout composée d' agriculteurs dispersés dans des villages, des hameaux ou des fermes isolées.

Dans ces villages, il n'y avait pas de commerce où acheter les produits manufacturés. Il fallait se rendre à la ville, avec toutes les contraintes que cela représentait à cette époque.

Le colporteur est alors très utile car il apporte des produits indispensables que les habitants des campagnes ne peuvent faire eux-mêmes. Même avec la naissance du réseau de chemin de fer en 1842, les changements sont très lents dans les campagnes, et les produits industriels se répandent difficilement.


Témoignage
Un colporteur rouennier de Clavans, Jean Eymard, a laissé des lettres et un registre de comptes où il marquait ses achats de marchandises, ses ventes et les noms des villages dans lesquels il passait. On y apprend que le colporteur était très attendu. Il faisait halte dans les fermes, chez le meunier, les journaliers. Ses clients étaient le plus souvent les domestiques et les servantes des grandes fermes, les petits paysans, les artisans des villages, les éclusiers ; il vendait aux cantonniers le long des routes, dans les auberges. Il apportait à domicile une marchandise bon marché qui convenait à cette clientèle de petites gens besogneux. Il vendait peu aux grands propriétaires et à la bourgeoisie des villes.

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